Grand Prix Cinéma du réel 1981 (Compétition française), Festival de Cannes 1981 (Perspectives du cinéma français), Festival des films de femmes de Créteil 1981
Pour son second film, Claudine Bories tourne sa caméra vers les hommes. La spontanéité du micro-trottoir laisse sa place à un dispositif plus construit, celui des entretiens avec des sujets choisis et une technique de montage avec voix off. Qu’est-ce que c’est être un homme? Juliette/Claudine qui reste hors-champ recherche la vérité de ces sujets masculins, loin de tout archétype. Certains parlent avec aisance; d’autres, qu’on sent moins habitués à se livrer et à mettre des mots sur leur vie intime, laissent transparaître leur vulnérabilité. “La plus secrète histoire des hommes” aurait été un titre alternatif. “Ce film était né d’un désir à moi, et pas d’une idée militante. Le désir d’écouter des hommes me parler d’eux, me raconter ce que chacun a d’unique et de secret, son histoire. Un désir ancien, resté vivace, d’histoire vraie. Comme lorsque j’étais petite avec mon père et que j’aurais voulu tout savoir de lui.” — Claudine Bories.
Texte de Yaël Halbron
Les films que j'ai choisis de vous montrer ont en commun d'avoir des sujets durs, voire odieux. "Le café des jules" met en scène un viol collectif, "Y aura-t-il de la neige à Noël" raconte la violence faite à une femme, "Avant l'aurore" la prostitution d'un homosexuel. Mais au-delà de leurs sujets, au-delà des personnages qui les incarnent, ce qui les réunit à mes yeux, c'est le regard de leurs réalisateurs - Paul Vecchiali, Sandrine Veysset et Nathan Nicholovitch -, c'est la façon qu'ils ont de "faire récit". Derrière la sauvagerie des réalités filmées, ils révèlent une humanité fragile et blessée, face à un réel insupportable, ils répondent par un amour en devenir - et cette lumière qui combat l'obscurité, de tout temps ça a été et c'est pour moi le cinéma. (Texte de Claudine Bories)