En 1977, Claudine Bories parcourt les quartiers populaires d’Aubervilliers avec sa caméra et son micro. Dans la lignée du cinéma-vérité de Jean Rouch, elle interroge les mères, travailleuses, coiffeuses, vendeuses, employées, écolières d’Aubervilliers, et les hommes qui partagent leurs vies. Dans leurs témoignages l’intime et le politique se mêlent: l’égalité des sexes, le travail domestique et la charge mentale, la contraception, l’avortement, la maternité et ses regrets, sont autant de thèmes abordés. Claudine Bories prend le pouls d’un féminisme du quotidien et d’une société en pleine mutation.
Texte de Yaël Halbron
Les films que j'ai choisis de vous montrer ont en commun d'avoir des sujets durs, voire odieux. "Le café des jules" met en scène un viol collectif, "Y aura-t-il de la neige à Noël" raconte la violence faite à une femme, "Avant l'aurore" la prostitution d'un homosexuel. Mais au-delà de leurs sujets, au-delà des personnages qui les incarnent, ce qui les réunit à mes yeux, c'est le regard de leurs réalisateurs - Paul Vecchiali, Sandrine Veysset et Nathan Nicholovitch -, c'est la façon qu'ils ont de "faire récit". Derrière la sauvagerie des réalités filmées, ils révèlent une humanité fragile et blessée, face à un réel insupportable, ils répondent par un amour en devenir - et cette lumière qui combat l'obscurité, de tout temps ça a été et c'est pour moi le cinéma. (Texte de Claudine Bories)